Les ménorragies
Chez la femme en âge de procréer, les anomalies du cycle menstruel sont très fréquentes. Parmi les problématiques les plus courantes figurent les règles trop abondantes et/ou trop longues. Ces pertes menstruelles de quantité et de durée trop importantes sont connues sous l’appellation médicale de ménorragies. Généralement sans incidence grave sur la santé des personnes menstruées concernées, elles peuvent toutefois avoir un impact très négatif sur la vie quotidienne de celles-ci. Mais quelle est la nature exacte de ces règles hémorragiques ? En quoi constituent-elles des règles anormales ? Quelles en sont les causes ? Et quel(s) moyen(s) envisager pour les traiter ?
Ménorragies : définition
Des règles anormalement abondantes et/ou longues
Plus souvent utilisé au pluriel, le terme « ménorragie » décrit des règles dont le volume et/ou la durée sont excessifs. En effet, les ménorragies sont des pertes sanguines contemporaines de la menstruation plus abondantes et plus longues que des règles normales. Par essence, elles concernent uniquement les femmes réglées, c’est-à-dire en âge de procréer mais non enceintes. On parle également de règles hémorragiques.
Différents types de ménorragies
On distingue plusieurs sous-catégories dans la famille des ménorragies, selon que les critères de quantité et de durée sont simultanément impactés ou non.
- Les polyménorrhées sont des règles qui cumulent une anomalie de l’abondance et une anomalie de la durée.
- Les hyperménorrhées sont des menstruations de durée normale mais trop abondantes.
- Les macroménorrhées, à l’inverse, sont des règles d’abondance normale mais de durée trop longue.
Les ménorragies ne sont pas à confondre avec les métrorragies, des saignements également d’origine utérine mais qui ont lieu en dehors de la période des règles, tels que les métrorragies du premier trimestre de grossesse.
Ménorragies : les symptômes
Les ménorragies constituent le trouble menstruel le plus souvent rapporté par les personnes menstruées. Ce sont des règles dites « anormales », car elles ne respectent pas les moyennes standards communément admises pour la menstruation. Elles se caractérisent en effet par un flux anormalement abondant et une durée de survenue anormalement longue.
Rappel : les caractéristiques des règles normales
La quantité moyenne de sang perdu au cours d’une période menstruelle par une femme en âge de procréer et en bonne santé se situe entre 35 et 50 ml, soit l’équivalent de 2 à 4 cuillères à soupe. Les variations habituellement constatées et considérées comme normales selon les femmes et le contexte vont de 5 à 80 ml. De 5 à 35 ml, on parle de flux léger à moyen ; de 35 à 50 ml, de flux moyen à abondant ; de 50 à 80 ml, de flux abondant à très abondant. Les règles durent en moyenne entre 3 et 7 jours. Les pertes menstruelles sont en général plus fortes durant les 2 premiers jours puis diminuent progressivement.
Les ménorragies : plus de 80 ml et/ou plus de 7 jours de flux menstruel
Les ménorragies, quant à elles, correspondent à des pertes sanguines cumulées de plus de 80 ml sur une même période menstruelle, et/ou à une durée de menstruation supérieure à 7 jours. Elles impliquent l’utilisation d’un grand nombre de protections hygiéniques : plus de 6 serviettes ou tampons par jour. Elles peuvent s’accompagner de gros caillots sanguins et de douleurs abdominales importantes.
Ménorragies : les causes
L’un ou plusieurs des problèmes de santé énumérés ci-après peuvent être à l’origine de ménorragies :
- les polypes utérins et les fibromes utérins, des excroissances se développant dans l’utérus, respectivement dans l’endomètre (la couche de muqueuse interne de l’utérus) et le myomètre (la couche musculaire de l’utérus) ;
- l’adénomyose, un type d’endométriose affectant le myomètre ;
- les cancers de l’endomètre, du col de l’utérus ou encore des ovaires ;
- des troubles de la coagulation sanguine, tels que la maladie de von Willebrand ;
- un dysfonctionnement ovulatoire, lié à un déséquilibre hormonal, constaté le plus souvent durant les premières années après la ménarche et à la ménopause ;
- les effets secondaires de traitements médicaux, notamment de contraceptifs comme le dispositif intra-utérin (DIU) au cuivre ;
- d’autres affections (maladies inflammatoires pelviennes, maladies hépatiques chroniques, inflammations du col de l’utérus, etc.).
Ménorragies : les conséquences
Lorsqu’ils persistent, les saignements menstruels surabondants et prolongés peuvent provoquer une carence en fer. Ce déficit peut lui-même conduire à une anémie (un taux d’hémoglobine dans le sang anormalement bas), qui se manifeste par de la fatigue, un teint pâle, de l’essoufflement ou encore des vertiges.
Au-delà des conséquences physiques, les ménorragies ont souvent un impact émotionnel et social non négligeable. Les contraintes liées à ce trouble menstruel sont nombreuses et limitantes : se préoccuper sans cesse de son flux et du risque de fuite, devoir changer de protections hygiéniques très régulièrement, éviter déplacements et activités, etc. Tout cela peut susciter diverses émotions négatives (gêne, honte, perte de confiance en soi) et mène fréquemment à de l’absentéisme scolaire ou professionnel.
Ménorragies : les traitements
Le traitement des ménorragies dépend de la ou des causes des saignements. Selon les résultats d’examens réalisés par des professionnel.le.s de santé (échographie endo-vaginale, bilan sanguin, biopsie de l’endomètre, hystéroscopie), différentes prescriptions seront proposées : progestatifs, DIU hormonal, antifibrinolytiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens, modification du mode de vie, chirurgie.
Vous souffrez vous-même de ménorragies ? Ces règles trop abondantes et/ou trop longues vous gâchent la vie une bonne partie du mois ? Veillez à consulter un.e professionnel.le de santé – médecin généraliste, gynécologue, sage-femme – qui pourra vous aider à identifier les causes de ces pertes menstruelles excessives et à trouver un éventuel traitement. Et si vous avez envie d’un peu de confort et de réconfort, essayez la lingerie menstruelle, notamment le shorty périodique, spécialement conçu pour les flux très abondants.
Pour prolonger la lecture :
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Écrit par cd
Sources :
- Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF). Hémorragies génitales chez la femme. Université Médicale Virtuelle Francophone (UMVF).
- Pinkerton, J. V. (2023, 31 janvier). Saignements utérins anormaux (SUA). Manuels MSD pour le grand public.
- Les règles anormalement abondantes - VIDAL.
- Davis E, Sparzak PB. Saignements utérins anormaux. [Mise à jour le 9 septembre 2022]. Dans : StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2023 janvier.