Être enceinte et avoir ses règles, est-ce possible ?

Ventre de femme enceinte de profil

« Puis-je être enceinte et avoir mes règles ? ». Voilà une question que bon nombre de futures mamans se posent durant leur grossesse, surtout au cours du premier trimestre. Pourquoi ? Qu’est-ce qui les amène à s’interroger sur cette possibilité d’avoir leurs règles en étant enceinte ? Et quelle est la réponse : peut-on être enceinte et avoir ses règles, oui ou non ? La trouver n’est pas chose facile, perdue entre abus de langage, mythes et énigmes pour la science. Pourtant, la position des professionnels de santé sur ce point est sans ambiguïté : règles et enceinte sont des termes incompatibles. Ensemble, éclaircissons le mystère !

« Peut-on être enceinte et avoir ses règles ? » : pourquoi cette question si fréquente ?

20 à 30 % des femmes enceintes, soit environ un quart des femmes qui attendent un enfant, saignent durant les 20 premières semaines de leur grossesse(1). Au cours du reste de la gestation, un saignement vaginal survient dans 3 à 4 % des cas(2). Perdre du sang par voie génitale durant la grossesse est donc un phénomène relativement fréquent. Inquiètes face à ces saignements vaginaux, les futures mères s’interrogent, à raison, sur leur nature et leur cause. « Est-ce normal ? », « Cela remet-il en cause le fait d’être enceinte ? », « Cela a-t-il une incidence sur le développement du bébé et la poursuite de la grossesse ? ». Cherchant une réponse à ces questions préoccupantes, elles ont un premier réflexe tout à fait compréhensible : faire le lien avec ce qu’elles connaissent déjà, soit leurs règles. En effet, chaque mois, au début de leur cycle menstruel, elles sont habituées à vivre la menstruation, et ce depuis leur ménarche. Lorsqu’elles perdent du sang par la vulve, elles savent que ces écoulements correspondent à leurs règles. La réaction est donc toute naturelle, lorsqu’elles constatent qu’elles ont des saignements vaginaux au cours de leur grossesse, de se poser la question « puis-je avoir mes règles en étant enceinte ? ». Et la réponse est… non !

Avoir ses règles enceinte, ce n’est pas possible

Rappel : que sont les règles ?

Les règles sont des pertes sanguines provenant de l’utérus de la femme en âge de procréer. Elles sont le résultat de la désintégration et de l’évacuation de la couche superficielle de la muqueuse recouvrant la paroi utérine, l’endomètre. Ce phénomène d’élimination se produit à chaque cycle où la fécondation n’a pas lieu, c’est-à-dire lorsque l’ovule libéré au moment de l’ovulation par un des ovaires n’est pas fécondé dans les heures qui suivent par un spermatozoïde. En effet, l’endomètre, qui s’épaissit et s’enrichit en vaisseaux sanguins au cours du cycle dans le but d’accueillir un éventuel ovule fécondé, s’avère inutile en l’absence de fécondation. Il est donc expulsé de l’organisme, sous forme d’écoulements sanguins que sont les règles, pour être reconstitué au cours du cycle suivant et se préparer à une prochaine grossesse potentielle. Mais, dans le cas où il y a fécondation, l’endomètre reste en place. Il est préservé de façon à permettre à l’ovule fécondé de s’y implanter – étape qu’on appelle la nidation. Le processus de reproduction peut alors suivre son cours, interrompant le déroulement classique du cycle menstruel. Il n’y a alors plus ni syndrome prémenstruel, ni ovulation, ni règles.

Règles et enceinte : deux mots contradictoires

Lorsqu’elle est enceinte, une femme n’a donc plus ses règles. L’endomètre n’est pas éliminé sous forme de pertes menstruelles puisqu’il sert à la nidation de l’œuf et à sa maturation. Le cycle menstruel est mis en pause, pour laisser le processus de gestation se faire durant 9 mois. Il ne reprendra qu’après les semaines ou les mois de post-partum, au retour de couches. D’ailleurs, c’est souvent cette absence de règles qui permet à une femme de suspecter qu’elle est enceinte et de le vérifier par un test de grossesse ou une prise de sang. Avoir ses règles et être enceinte sont donc deux choses biologiquement incompatibles. Même s’ils peuvent y faire penser, en raison de leur provenance, de leur aspect ou de leur quantité, les saignements vaginaux que connaissent les femmes enceintes ne sont pas des règles. Mais que sont-ils alors ?

Les saignements qui peuvent faire penser que l’on a ses règles enceinte

Les saignements pendant la grossesse : les métrorragies de grossesse

Les saignements chez la femme enceinte font partie de la famille des « métrorragies ». Celle-ci regroupe l’ensemble des pertes sanguines d’origine génitale survenant chez la femme en dehors de la menstruation. Lorsqu’elles ont lieu pendant la grossesse, on parle de « métrorragies de grossesse ». Ces dernières, se produisant majoritairement durant le premier trimestre, peuvent être provoquées par différents phénomènes connus, bénins ou plus ou moins graves.

Les métrorragies en début de grossesse sont souvent dues, entre autres, à :

  • la nidation;
  • une fausse couche ;
  • une grossesse extra-utérine.

Les métrorragies en fin de grossesse s’expliquent généralement par :

  • le début du travail dans la plupart des cas ;
  • des problèmes plus graves, mais moins fréquents, liés au placenta ou à l’utérus (décollement placentaire, rupture utérine, etc.).

Les "règles anniversaires", un mythe

L’expression « règles anniversaires » est souvent utilisée pour désigner des saignements survenant chez une femme enceinte à la date à laquelle elle aurait dû avoir ses règles en l’absence de grossesse. Pourtant, cette appellation n’est pas reconnue par le corps médical. Il ne s’agit pas de règles qui se répèteraient à leur date anniversaire d’avant-grossesse. Ce sont en réalité des métrorragies de grossesse telles que décrites précédemment, dont l’origine n’est pas toujours connue.

En général, le phénomène, s’il se produit, n’arrive qu’une seule fois, en tout début de grossesse : il correspond alors souvent au saignement de nidation. En effet, celui-ci survient environ 6 à 12 jours après la fécondation, soit autour de la date présumée des règles, théoriquement attendues entre 11 et 16 jours après l’ovulation.

Si le phénomène perdure plusieurs mois durant la grossesse, alors c’est :

  • soit pure coïncidence – ce sont des métrorragies qui se déclenchent par hasard au même moment que la menstruation ;
  • soit le cas très particulier du déni de grossesse.

Les saignements en cas de déni de grossesse, une énigme

Le déni de grossesse, c’est le fait pour une femme enceinte de ne pas avoir conscience de l’être. Dans ce cas, ladite femme est tellement convaincue de ne pas attendre d’enfant, ou refuse si fort cette idée, que son esprit trompe son corps en lui imposant de se comporter comme si de rien n’était. Elle ne ressent aucun symptôme de la grossesse, et pense avoir ses règles comme à l’accoutumée. Mais même dans cette situation, il ne s’agit pas de menstruations. Ce sont des saignements artificiels que l’organisme produit par habitude, des métrorragies qui donnent l’illusion de règles. Les scientifiques n’ont pas encore trouvé d’explication à ce phénomène étrange et rare.

Ainsi, à la question « peut-on être enceinte et avoir ses règles ? », la réponse est non. La menstruation est le résultat de la désagrégation mensuelle de l’endomètre en l’absence de grossesse ; s’il y a grossesse, l’endomètre reste intact et la menstruation n’a pas lieu. Par contre, à la question « peut-on être enceinte et avoir des saignements vaginaux ? », la réponse est oui. Fréquentes, d’origine connue ou inconnue, ces métrorragies de grossesse peuvent être plus facilement gérées grâce aux sous-vêtements menstruels. Dans tous les cas, leur survenue, à tout moment de la grossesse, doit alerter et amener à consulter un.e professionnel.le de santé compétent.

 

Pour prolonger la lecture :

 

Écrit par cd

 

Sources :

  1. Bunce, E. E., & Heine, R. P. (2023, 31 janvier). Saignements vaginaux en début de grossesse. Manuels MSD pour le grand public.
  2. Bunce, E. E., & Heine, R. P. (2023, 5 septembre). Saignements vaginaux en fin de grossesse. Manuels MSD pour le grand public.